hors de question de retourner à la résidence une fois de plus après les cours. beau avait l'impression de ne plus avoir de vie,  il allait rester un an à bournemouth, fallait qu’il visite ce coin qui était totalement inconnu pour lui. la solitude. ça le bloquait énormément dans cette visite. arriver seul dans un endroit inconnu n’était jamais marrant, il fallait faire connaissance, il devait faire connaissance, c’était une obligation pour le français, sinon il pouvait se tirer une balle, ce serait plus rapide. il se retrouvait sur la place commerciale, the triangle, un nom original. ou pas. une boutique l’attirait plus particulièrement, certainement pour son utilité assez rare. créer des peluches, jamais beau n’aurait penser faire ça, mais son côté enfant avait pris le dessus. « putain, ça a l’air chiant tout ça. » lâchait-il en entrant dans la boutique. il parlait toujours français pour faire une remarque désagréable sur une personne ou un endroit, c’était l’avantage d’être à l’étranger.  il regardait ces peluches sans trop savoir quoi en faire. please, somebody help him.

J’ai décidé de visiter un peu la ville de Bournemouth, que je ne connais encore que peu. Après tout, je ne suis en Angleterre que depuis quelques dizaines d’heures, et je suis curieuse de voir ce que les lieux me réservent. Sans trop savoir comment j’arrive là, je suis bientôt au Triangle, face à de nombreux magasins et de mignonnes petites boutiques. J’observe, je souris parfois d’envie devant les vitrines, entre quelque fois. Non mais regarde-toi Adèle, l’une des premières choses que tu trouves à faire quand tu te rends quelque part, c’est faire les boutiques ! Et pourquoi pas ? C’est une manière comme une autre de visiter !

Alors, une échoppe attire mon attention, et je m’arrête devant le Build a bear workshop. Waouuuh, on peut vraiment fabriquer son propre ours en peluche ?! Un sourire enfantin anime soudain mes lèvres, tandis que j’entre en sautillant presque sur place. J’ai déjà entendu parler de magasins comme celui-ci, mais n’ai jamais eu l’occasion de rentrer dans aucun d’eux. La chance me sourit.

Je m'apprête à demander au vendeur de m'expliquer le fonctionnement exact de la fabrication des jolies peluches, lorsque mes yeux se posent sur un jeune homme qui a visiblement lui aussi passé l'âge pour ce genre de choses. « On retombe en enfance ? » Un petit sourire en coin apparaît sur mes lèvres. Seulement ensuite, je me souviens que je suis en Angleterre, et que le Français n'est pas vraiment une option par ici. « Oh, I mean ... Don't you think we are a little bit too old for this kind of stuff ? »

Je m'incruste héhé

le magasin de peluches, il pouvait mieux faire, il le savait. mais il assumait d'être dedans, ce n'était pas le problème, personne ne comptait le prendre en photo, ou peut-être qu'il allait le prendre lui-même tout à l'heure. un homme avec une peluche, c'est assez mignon. la voix d'une femme s'interférerait entre lui et ses pensées. elle parlait français. encore une ? apparemment elles avaient toutes décidés de débarquer à bournemouth. « ouais, plutôt surprenant pour un gars comme moi, vous ne trouvez pas ? » avec ce look de bad boy qu'il affichait aujourd'hui, ça pouvait l'être. en tout cas, elle avait reprit en anglais. merde. lui qui pouvait parler tout en se faisant parfaitement comprendre. « we are. but i'm here because i know that i'm cute with this. » il avait fini sa phrase en prenant une peluche au hasard qui se trouvait à sa portée. c'était vrai, il était mignon en tenant une peluche dans ses bras tel un nouveau né. « and apparently this teddy bear attracts the pretty girls, i think he will become my best friend here. » la vache. il avait eu un peu de mal à cette connerie en anglais. c'était histoire de faire la conversation à la jolie française. et de se la raconter un peu.

« Ouais, plutôt surprenant pour un gars comme moi, vous ne trouvez pas ? » Ah, un Français ! C'est le premier que je rencontre depuis mon arrivée ici, tiens. En tout cas, celui-ci a l'air de se donner du mal pour afficher un look de bad boy convaincant, et il est vrai que le contraste est plutôt comique. « C'est vrai qu'on ne vous imagine pas vraiment avec ce genre d'objets entre les mains. » La conversation reprend alors en anglais. Après tout, n'étions-nous pas ici pour travailler cette langue ? Même s'il est vrai que nous aurions pu continuer cette conversation dans notre langue natale, après tout. « We are. But I'm here because i know that I'm cute with this. » Et avant que j'ai le temps de dire quoi que ce soit, il se saisit de la peluche la plus proche. A cette vue, je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire attendri. « And apparently this teddy bear attracts the pretty girls, I think he will become my best friend here. » Je ne peux alors m'empêcher de l'imaginer devant la boutique, des étoiles dans les yeux, fier d'avoir trouvé sa nouvelle arme de séduction, et ris intérieurement à cette idée.

« You'll be even cutest if you give the teddy bear to the girl. Best idea of all time ! » Combien de filles rêvent-elles pas de se voir offrir un ours en peluche (géant si possible) ? C'était le cadeau mignon. Ou en tout cas, le cadeau mignon du moment. « Personally, I'll appreciate. A lot. » Mais peut-être certaines demoiselles trouveraient-elles son approche un peu ringarde ... ? A voir. Mais quoiqu'il en soit, il aurait du succès auprès de certaines tout de même, j'y mettrais ma main à couper.

« So, let's find your new best friend ! » Je me tourne alors vers le comptoir, et observe les différentes possibilités qui s'offrent à nous. « How do you exactly imagine it ? » Parce que si nous pouvions créer notre peluche des pattes à la tête, autant qu'elle soit vraiment parfaite.

une française. elle devait être la seconde ou troisième ayant fait connaissance avec beau. à ce rythme, il n'allait pas pouvoir apprendre l'anglais. elle confirmait les paroles du parisien. personne ne pouvait l'imaginer avec un ours en peluche. c'était mignon, confirmait-elle. ils étaient d'accord sur ce point. même si beau le prenait au second degré. tout ce qu'il disait était au second degré. certaines personnes le comprenaient, d'autres non. il fallait faire avec. sa compatriote française lui avait fait une suggestion. offrir un ours à une fille. classique. beau l'avait prit pour un message. elle voulait un ours. il comptait mieux faire, il voulait le créer. un ours à elle. il pourrait plus tard se vanter d'avoir été gentil avec une nana. « you seem to be romantic. » douce. sensible. elle paraissait ainsi. mignon et intriguant à la fois. elle ne perdait pas le nord concernant l'ours en peluche. mais il y avait un malentendu. elle souhaitait créer une peluche pour beau. il n'en voulait pas. « we will make one for you. » c'était mieux. c'était décidé. elle ne pouvait pas contester. « how do you imagine it ? » il avait volé sa question. c'était pas grave. « imagine it like our first child. » heu. attendez. il avait dit our. merde, le con. il avait oublié le y devant. il parlait beaucoup sans réfléchir. et puis merde. trop tard.

Je souris lorsqu'il me dit que j'ai l'air d'être du genre romantique. Il a vu juste. C'est précisément le genre de choses qui me fait rêver, ça et les repas aux chandelles accompagnés de bouquets de roses rouges le jour de la saint Valentin.

J'étais partie pour chercher avec lui un ourson qui ferait craquer toutes les demoiselles sur son passage, mais au lui de cela, il décide de m'offrir directement la peluche. Sans doute a-t-il cru que j'essayais de lui faire passer un message alors que pas du tout, je réfléchissais juste à haute voix ! Mais ça n'est pas plus mal, après tout. On ne crache pas sur un adorable teddy bear.

Il me vole ma question, puis lance : « Imagine it like our first child. » Je lui lance un regard en coin, histoire de voir si j'ai bien entendu, puis éclate de rire. « First meeting, and we're already talking about our first child. Things are really getting too fast for me, guy. » Je lui fais un clin d'oeil, puis m'approche un peu plus du comptoir, et contemple les différents rembourrages et pelages disponibles. Autant choisir quel chose de fun, même si la peluche ne sera sans doute pas telle que je m'imagine mon premier enfant, comme le suggère le jeune homme. « Ok, so ... Are you ready to realize my biggest dream ? » Je m'accorde une seconde de réflexion, puis lance d'une traite : « I want a blue one, nope, rather an half blue and half purple. Then, he must have a crown, and really big wings, rainbow wings. And maybe could we add war scars ? He would be really frightening like that. » Fière de moi, je lance à mon interlocuteur une moue faussement soucieuse. « Do you think it's possible ? »


Encore désolée pour le temps de réponse