beau avait rendez-vous à la réception de l'école. il avait un colis. surprenant de penser qu'une personne, autre que ses parents, pouvait penser à lui alors qu'il se trouvait dans un autre pays. « heu. hi. apparently you have a colis for me. » ouais. colis en anglais ça venait pas, mais le réceptionniste avait compris le message. tant mieux. il ne l'aurait pas dit une seconde fois. le colis. c'était une lettre. le coup de la vieille lettre dans une mini-enveloppe. quelle arnaque. il était déçu. ça venait de ses parents. merde, alors. encore plus déçu. il connaissait déjà le contenu de la lettre, ses parents étaient tellement prévisibles. tellement prévisible qu'il oubliait de libérer l'accès au réceptionniste. il ne le faisait pas exprès, mais il en avait rien à faire. (free)

ça ne faisait pas tellement longtemps que tu étais ici, et ta famille ne te manquait pas tant que ça. tu savais que tu pourrais rester ici tout l'été sans être vraiment nostalgique. pourtant avant-hier, sur skype, ton petit frère t'a dit qu'il t'avait envoyé une lettre. et maintenant tu n'avais plus qu'une seule hâte, c'était de la lire. alors tu passais au moins toutes les heures à la réception pour t'assurer qu'ils n'avaient pas reçu la lettre de ton frère chéri. tu étais excitée comme une puce à l'idée qu'il t'ait écris quelque chose. alors encore une fois, tu te rends à la réception, pour t'assurer qu'ils n'ont pas reçu la lettre entre temps. tu n'abandonnes jamais, même si tu sais que ça ne sert à rien. cependant cette fois-ci, quelqu'un bloque le passage, t'empêchant d'adresser la parole au réceptionniste. « are you going to stay here forever? » tu demandes de ton mauvais accent de l'Europe de l'est.

la lettre. mignon. marrant. triste. un film sur papier. sa mère tout craché qui faisait tant de cinéma pour peu. le pire restait le fait qu'elle n'avait pas écrit cette lettre, elle prenait l'habitude de dicter la lettre à la bonne afin de le faire retranscrire par écrit. pitoyable. tout ça lui avait fait oublié l'endroit où il se trouvait, mais une étudiante n'avait pas raté une occasion de le lui faire savoir. agressive. elle l'était. allo, les formules de politesse. bonjour. s'il te plaît. ça n'existait pas dans son bled apparemment. « yes. » lui avait-il lâché d'un ton sec, légèrement irrespectueux. elle n'avait pas l'air impatiente d'accéder à la réception, elle pouvait attendre deux minutes. ou peut-être une heure. « is there a problem ? » en tort, il l'était. il le savait, mais tentait de retourner la situation.

la nana se rebellait. beau était son problème. c'était assez courant chez le français d'être le problème d’honnêtes citoyens. il n'imitait pas la jeune femme et préférait lui mettre ses mains dans ses poches. « oh. so you think i'm look good. » haussement de sourcil. sourire charmeur. c'était un compliment de sa part, malgré le contexte inappropriée. un contexte qui partait en vrille depuis qu'elle s'était mis à parler de meurtre. elle avait besoin d'un psy. c'était certain. il en fallait plus pour effrayer beau et puis ce n'était pas crédible. il y avait le réceptionniste comme témoin, un délinquant n'aurait jamais fait ça. ou peut-être qu'elle était stupide. « where are the others ? your friends .. i mean the mafia. » ironique. stupide. tout comme les menaces de cette parfaite inconnue. « let's make a deal. i will let you talk to the receptionist if your give me your phone number. » détendre l'atmosphère, c'était sa spécialité. à ne pas confondre avec de la drague. il ne draguait pas. il voulait se faire des amis. ça faisait pitié.

rebelle. lunatique. elle était étrange pour son jeune âge. voilà maintenant que beau était moche. c'était .. pas crédible. elle le savait, elle-même l'avait dit. elle avait carrément mis le sujet sur le tapis. là n'était pas le sujet. la roumanie. elle venait donc de là. intéressant. ou pas. « i knew romanians girls were strange. » à paris, elles étaient assez bizarres. ça se confirmait à bournemouth. meutre. mafia. ils partaient un peu loin, beau espérait que son interlocutrice en avait conscience. à part ça, elle avait faim, elle n'avait pas d'argent. une tournure intéressante de la situation. « i knew it. you want a date. » elle voulait un rancard la coquine. il suffisait de le dire. beau n'allait pas refuser. il acceptait toutes les propositions n'ayant aucun rapport avec les cours. en bref, un dernier point n'avait pas été résolu. la raison de sa venue. pourquoi était-elle là. elle avait sûrement un colis. ou qu'elle glandait. c'était une solution. « you can go. » avait-il finit par dire en se décalant à sa droite. il avait l'air fière. tel un homme qui avait atteint son objectif. elle avait faim. elle allait être rapide avec ce réceptionniste. il espérait.