13h30.
troisième jour.
nourriture toujours aussi dégueulasse.
plateau en main, tu aères dans les allées, les yeux rivés sur ton assiette. infecte. purée et viande bizarre sont au menu en ce jour glorieux. du porc, sûrement. ça en a bien la tronche. mais toi, tu manges pas de porc, ça tombe bien. ou tout du moins quand ça te chante. aujourd'hui, t'as donc envie d'être pénible et d'être ce parfait musulman. c'est surtout que l’odeur t’arrache une grimace et la sensation –immonde- que ton ventre hurlera toujours famine t’hérisse déjà le poil. t’as qu’une envie, ramener ton assiette et gueuler un bon coup sur le cuisto pour avoir de la nourriture décente. alors c’est en grognant, que tu t’installes à une table. elle est déjà occupée mais tu t’en fiches. tu n'y fais même pas attention. machinalement, tu attrapes ta fourchette et tu piques la viande pour la porter à tes yeux. القذرة. (dégeulasse) t’es habitué à mieux. t’es surtout habitué à être servi en roi par maman. soupire, toujours. tu reposes l’objet de ton écœurement dans ton assiette et tu lèves enfin le regard sur la personne en face. deux pupilles qui te fixent, perplexe. ta mâchoire se crispe, aussitôt. do you want a fucking picture ? ou un truc comme ça. tu t’agaces. pour rien. ou pour tout. mais dans tout les cas, un seti affamé est un seti chiant. et qui plus est, un seti qui sait certainement pas parler.

ça fait que trois jours et des poussières que ton pied à foulé pour la première fois le bitume monochrome de bournemouth, et t'as l'impression que t'as vieilli de quarante ans depuis. mais ce dont tu te souviendras sûrement le plus, c'est le côté immensément dégueulasse de cette nourriture qu'ils servaient sur un plateau ultra cheap. tu soupires, en piquant ta viande du bout de la fourchette. du porc. génial. tu détestes ça, à cause de la religion de tes parents qui t'interdisaient d'en manger une miette. tu grognes un coup, tu sépares ton assiette en deux parties, la partie potable, et l'autre immangeable. et là, t'as rien vu venir, y'a une tornade qui vient affecter ton espace vital, en s'installant juste devant toi, apparemment encore plus agacé que toi. tu le reconnaîtrais parmi un million, ce gamin, avec sa poésie au bout des yeux (littéralement). après, si lui t'avais reconnu, sûrement pas, vu la façon dont il t'ignorait. tu pinces un peu des lèvres, on dirait qu'il t'a même pas remarqué, et tu te surprends à tirer une légère moue en pensant à ce détail. en même temps, vu l'attention qu'il portait aux autres pendant la journée d'intégration, rien que le fait qu'il se soit installé à côté de quelqu'un était assez impressionant, alors tu te plaignais certainement pas. tu le regardes, genre pendant une bonne minute. juste pour voir s'il réagit. juste pour voir s'il a remarqué qu'il y avait quelqu'un, juste devant lui. et c'est au bout de ces soixante secondes interminables qu'il finit par se détourner de son assiette pour enfin t'accorder un regard. pas un regard super sympa, mais un regard. tu te crispes un peu. il sait sourire au moins ce mec ? malgré tout, tu lui offres un grand sourire (comme d'habitude en fait) not really. ton sourire s'étire, un peu d'ironie teintant tes lèvres, autant qu'on se le dise. i just wanted to know if you'll stand here forever without saying any word, without looking once at me. tu ris d'une façon plutôt adorable, en continuant de piquer sur ta viande comme instinctivement, jusqu'à la déchiqueter presque.