10h30. C’est la pause du matin. Alors que certains sortent fumer une clope ou s’acheter un café au Costa du coin, moi je fonce aux toilettes. J’savais bien que j’aurais pas dû boire un thé ce matin. Ce truc me fait pisser des litres. J’ai été rapide, y a encore personne quand je rentre dans les toilettes des filles. Je fais ma petite affaire, non sans pousser un petit soupir de satisfaction quand mon sphincter peut enfin se détendre. J’entends la porte s’ouvrir, quelqu’un rentrer.  Je tire la chasse, sors de la cabine et me lave les mains. Je me retourne pour sortir et là, bim, un représentant de la team pénis. Comme si de rien n’était, il passe à côté de moi et se lave les mains. Narmol. Je bug un peu, jusqu'à ce qu’il me tende la main et se présente. “Hi, I’m Klara. Nice to meet you too. I always say that ladies rooms are a good place to meet people.” Je ris et lui serre la main. “Yeah, a girl is always clean when there are some guys around. Otherwise…” J’ajoute pour plaisanter : “At least, girls don’t play with the urinals. I’m pretty sure you try to beat your own score every time you pee.”

hj:

Spoiler:

Mattias est pas moche du tout dans son genre. Et il a l’air plutôt cool, blagueur, tout ça tout ça. Il doit pas avoir de problème pour attirer les filles. Ca me rassure un peu parce que sinon, j’aurais cru à un pervers. Du genre à voler des petites culottes pour les sniffer le soir avant de se coucher. J’invente rien, c’est arrivé dans mon lycée. Le mec fouillait les vestiaires des filles dans l’espoir d’agrandir sa petite collection personnelle. Bref. Mattias me sort le fameux couplet sur les princesses. J’annonce avec tout le sérieux dont je suis capable :  “Sorry to break your ideal, but the glitter poops and the rainbow farts don’t exist.” Et que les choses soient claires, aucune fille ne s’assoit quand elle pisse dans des toilettes publiques. Enfin j’espère pour elles. Du coup c’est plus difficile de viser quand on n’a pas de joystick maniable hein.
Bon. C’est pas que, mais la conversation est pas des plus romantiques et j’préférerais apprendre d’autres trucs sur Mattias. Des trucs qui n’ont aucun rapport avec du PQ. J’pense qu’on pourrait bien s'entendre. J’enchaîne donc : “So you’re new in Help Yourself. Me too. Do you live in the residence ? Because I plan to organize a little party tonight in the garden of the residence. Barbecue. Beer. Big sausages… stuff like that. Wanna come ?”

Plus le temps passe et plus je me dis que ce mec est vraiment pas mal. Ouais, ca fait peut-être que deux jours que je suis là mais ça me travaille déjà. En même temps, je n’arrête pas de rencontrer des beaux mâles depuis mon arrivée. Forcément que ça me travaille. A croire qu’il y a une concentration exceptionnelle de sex appeal sur Bournemouth. Bon, à tester le Mattias donc. Déjà j’lui parle de mes petits plans pour ce soir. C’est un moyen de poser la première pierre. Il me confirme vivre dans la résidence, c’est parfait. Je lui donnerai le numéro de ma chambre ce soir au barbecue, au cas où il s’ennuierait un jour et qu’il ait besoin d’une partenaire pour une partie de Scrabble. J’suis bonne avec les voyelles.
Sauf que. Il m’entendra pas hurler des voyelles. Monsieur aime les grosses saucisses. Fuuuuuck. J’aurais pas deviné comme ça, il fait pas vraiment gay. Dommage. Je serai toujours désespérée du nombre de beaux garçons allergiques aux moules. Tant pis. “Cool. I think it’s gonna start around 8 pm. Bring what you want.” Puis je sors mon téléphone et demande : “Can I have your phone number ? I’ll send you a message on Whatsapp if you have the app.”

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Spoiler:

On est bien d’accord que l’objectif premier de mon année à Bournemouth, c’est de devenir fluent in English. Mes parents payent pour ça, blablabla. Sauf que je passe déjà toutes mes journées dans cette école. Je suis une étudiante un peu bavarde certes, mais néanmoins sérieuse dans le travail. Alors une fois que les cours sont finis, sorry but not sorry si je ne fonce pas à la bibliothèque pour bosser encore plus. Sorry but not sorry si ma seule préoccupation est de me balader et de faire la fête avec mes potes. Deal with it. Je sais que cette année peut être la plus merveilleuse expérience de ma vie, mais pour ca, il me faut des amis. Et pour avoir des amis, rien de mieux que des fêtes. CQFD. Mattias a l’air d’être dans les mêmes perspectives que moi déjà. Bon point. Il me file son numéro et je ne peux m’empêcher de rire lorsque je vois le nom qu’il s’est lui-même attribué dans mon répertoire. “Sexy, yeah you are. But WC man, that’s not a very sexy name. Be careful if you don’t want me to call you Poop Boy until the end of your stay !” Poop Boy, sooo cute. “By the way, how long are you gonna stay here ?”

J’l’aime bien ce Mattias. C’est rare de sympathiser avec un mec rencontré aux toilettes, j’devrais faire ça plus souvent. Le voilà qui prend une voix haut perchée pour vanter son p’tit surnom (j’pourrais ajouter “de merde”, ce serait de circonstance). Gosh son imitation est bonne, trop bonne même. Ce mec est totalement gay.
WC Man se méprend sur la question que je lui pose ensuite, et je me rends compte qu’elle n’était pas hyper précise effectivement. Je voulais savoir combien de temps il allait rester a Bournemouth, pas dans les toilettes, ce que j’essaye de clarifier aussitôt : “No ! Not at all.” mais avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, il fait mine de s’en aller. “Waiiiit ! That’s not what I meant. I just wanted to know how long you will stay in Bournemouth.” Faut savoir que je ne suis pas forcément la meuf la plus futée du monde et quand on me fait une blague de ce genre, je marche à fond dedans, j’cours même. Je retrouve vite le sourire et mon côté malicieux cependant : “You don’t bother me, but, I don’t want you to stay in these toilets when I’m not here. You could meet another girl here, I would be too jealous. Don’t want to share my WC Man.” Ça c’est clair, Mattias est MON WC Man maintenant, je ne le partage avec personne.